Les fonds baptismaux
Sur l’emplacement de l’église actuelle, construite dans la première moitié du 18e siècle, se trouvait une église, fragilisée par un tremblement de terre, à la fin du 17e siècle et devenue sans doute trop exiguë en raison de l’augmentation de la population. Du mobilier de cette ancienne église, seuls cinq éléments sont encore visibles dont la théothèque (tabernacle, en style gothique du13 e siècle, qui se trouvait dans le chœur de l’église) encastrée, ici, dans le mur nord, et ces superbes fonts baptismaux romans, en pierre, du milieu du 12e siècle. Ceux-ci méritent notre attention et une comparaison avec d’autres fonts baptismaux de la même époque, de l’ancien diocèse de Liège, qui s’étendait au-delà de nos cinq provinces actuelles, envisagées ici.
Description
Tous les fonts baptismaux reposent encore ou reposaient sur un SOCLE QUADRANGULAIRE.
Les fonts s’appuient sur une GROSSE COLONNE CENTRALE, soit seule, soit entourée de quatre ou exceptionnellement
douze colonnettes, comme à Saint-Séverin-en-Condroz.
Les fonts sont constitués généralement d’une CUVE CYLINDRIQUE, parfois quadrangulaire.
C’est au niveau de leur décor que l’on remarque la plus grande variété d’inspiration.
Quatre têtes d’angle divisent, le plus souvent la surface à décorer en autant de parois.
Ces têtes peuvent être très différentes les unes des autres, y compris sur une même cuve :
elles diffèrent tant par l’aspect du visage que par la coiffure des cheveux et par l’élément
qui ceint la tête : bandeau, couronne, mitre, calot…
Les quatre faces de la cuve, ou seulement certaines d’entre elles, peuvent être décorées.
- • D’arcatures : c’est-à-dire d’une succession d’arcs en plein cintre, dont le nombre varie de deux à six par côté. En l’absence de tête d’angle, les arcs courent sur toute la longueur du pourtour de la cuve.
- • D’éléments végétaux : ceux-ci sont, le plus souvent, constitués d’une tête d’animal crachant deux rinceaux, qui s’épanouissent en palmettes sur lesquelles se greffent des grappes de raisins.
- >• D’animaux : de tous genres, affrontés, adossés, enlacés par le cou ou la queue : oiseaux, lions, serpents, animaux fantastiques (chimères, dragons,…).
Par contre, les fonts de FURNAUX font exception à tous points de vue :
- • À la base, quatre monolithes en forme de lion, disposés dos à dos en forme de croix, supportent la cuve et son socle.
- • Le socle est constitué d’une moulure saillante, sculptée d’une frise de différents motifs, par exemple un homme couché dévoré par un dragon.
- • Le décor de la cuve cylindrique a pour thème le baptême du Christ, dans le Jourdain, dont les eaux s’élèvent en cloche. Tiens donc ! Comme sur les fonts baptismaux de l’ancienne église Notre-Dame-aux-fonts, chef-d’œuvre mosan du 12e siècle, réalisés, eux, en laiton et conservés actuellement à l’église Saint-Barthélemy à Liège.
Symbolique et interprétation
Beaucoup d’éléments décoratifs peuvent être considérés comme symboliques et donnent lieu à interprétation. À titre d’exemple :
- • Les quatre têtes humaines d’angle seraient une allusion aux quatre fleuves du Paradis évoqués par les paroles sacramentelles lors de la cérémonie du baptême.
- • La frise d’arcatures peut être considérée comme le symbole de la "demeure céleste" où va pénétrer le néophyte, c’est-à-dire le futur baptisé.
- • Le lion peut signifier tantôt la royauté du Fils de Dieu, tantôt le Diable.
Conclusion
En ce qui concerne nos fonts baptismaux, bien qu’ils n’aient pas conservé leur socle ni leur colonne centrale d’origine, ils illustrent bien les caractéristiques des fonts baptismaux du 12e siècle de notre région.
- • Une cuve cylindrique cantonnée de quatre têtes masculines, coiffées alternativement de calot rond et
de petite mitre basse.
- • Quant aux quatre côtés :
- a) L’un est décoré d’un dragon crachant un rinceau s’épanouissant en quatre palmettes.
- b) Le deuxième d’un faisceau de rinceaux s’enroulant en deux disques unis par une bague, au centre desquels s’épanouissent des palmettes.
- c) Le troisième de deux quadrupèdes (genre lion) affrontés.
- d) Le dernier d’un large masque léonin d’où s’échappent quatre gros rinceaux s’enroulant en palmettes.
Très grande variété d’inspiration, disions-nous ? En voici la preuve.
Texte : Nicole Carpiaux.
Pour une comparaison avec d’autres fonts baptismaux, voici quelques photos :
- Saint-Pierre à BASTOGNE (province de Luxembourg)
- Saint-Sulpice à BEAUVECHAIN (prov. de Brabant
- Notre-Dame à FURNAUX (prov. de Namur)
- Sainte-Gertrude à GENTINNES (prov.de Brabant)
- Saint-Michel à GERPINNES (prov. du Hainaut)
- Saint-BARTHÉLEMY à Liège (prov. de Liège)
- Saints-Pierre-et-Paul à SAINT-SÉVERIN-EN-CONDROZ (prov. de Liège)
- Saints–Hermès-et-Alexandre à THEUX (prov. de Liège)